Un rêve sans étoile

Thomas Pitiot, 2006, in Griot

Y a beaucoup trop d’violence dans les cités dortoirs,
Beaucoup trop d’violence pour toi qui t’endors tard,
D’la violence distillée dans les mots que tu dis
Ta colère dit qu’t’y es dans les maux que tu vis.
Toi l’enfant de l’orage qui ne fais que tonner,
Tu casses la vitrine qui joue encore l’étonnée,
Toi l’enfant violent que la vie a violé
Te pends avec les cordes de ton violon cassé.
Toi l’enfant sans boussole, toi l’enfant à bout d’sens,
Marches dans la boue seule et pousses à bout la France,
Qu’a déjà oublié qu’elle t’avait oublié ;
Récolte ce qu’elle sème…et à quoi bon s’aimer !
 
Refrain :
Ké lé ma ni, a ké lé ma ni,
Ba dé nou ké lé ma ni,
Un rêve sans étoiles est un rêve oublié
Ké lé ma ni, ké lé ma ni, a ké lé ma ni,
Ba dé nou ké lé ma ni,
Ké lé bé mo ro do ro ya
 
Y a beaucoup trop d’violence dans les ghettos l’matin
Si personne ne t’attend, y a personne qui t’atteint,
Toi l’enfant qu’est capable de frapper gratuitement
A sans doutes trop reçu évidemment tu rends ;
Et sans te rendre compte que tu te tues toi-même,
En tutoyant les vieux tu refuses que l’on t’aime
Et pourtant c’est d’amour dont tu manques cruellement
Et ça peut rendre cruel quand tout le monde te ment.
Quand tout le monde te manque, tu manques à tes devoirs,
T’apprends plus tes leçons et tu vis tes cauchemars
Et ceux qui vivent leurs rêves te rappellent qu’hier soir
Tu t’es encore couché avec ton désespoir.
Tu trouves cela injuste que les gens soient heureux
Et comme tu n’y crois plus tu les rends malheureux,
Tu distends tous les liens et avec insistance
Tu dis « ta gueule » aux tiens…en marquant la distance !
 
Refrain
 
Y a beaucoup trop d’violence dans les ensembles urbains,
Quand les gens semblent usés devant les murs repeints ;
Réhabilitation et puis démolition,
Combien sont emmurés dans leurs corps en prison ?
Celui qui sait r’garder plus loin qu’le bout d’son nez
Sait que tu es victime mais t’en veut pour de vrai
D’avoir visé au plomb la grand-mère dans la rue,
Je pense à toi souvent, je me dis qu’t’es perdu.
T’as balayé une femme sur un quai de RER,
J’enrage encore maint’nant de n’avoir rien pu faire ;
Celui qui pour flamber a tapé l’guitariste
A flambé plus qu’une vie en plantant l’machiniste.
Celui qu’a agressé deux jeunes manifestants
A la tête en pagaille et insulte l’enseignant,
Si tu veux pas souffrir comme tant d’autres au parloir,
Desserre ta mâchoire et commence à parler…
 
On est un certain nombre à vouloir t’écouter !
 
Refrain